De l’émotion naît l’artiste. Poursuivi par une envie irrépressible d’évacuer des sentiments trop durs à contenir ou de témoigner de faits qui ne sauraient se diluer dans leur volatilité, l’artiste est le vecteur des émotions qui soulagent et qui heurtent, qui frappent et qui apaisent, qui soulèvent des questions sans réponses.
Ainsi est né Max Mandelbaum Horn, livré à lui-même dès le plus jeune âge au sortir d’une époque convulsive frappée par la guerre, le ghetto, la mort. Dès lors, comment ne pas ressentir au premier coup d’œil les sentiments dominants qui surgissent de son œuvre prolifique : la solitude, l’isolement, le silence, le vide, l’incommunicabilité.
Si la création est une délivrance, la peinture de Max Mandelbaum Horn, un temps sous le pseudonyme Motimax, est une fulgurance qui ne résiste pas à la rapidité d’exécution. Comme le Cri de Munch qui déchire l’instant et la nature, elle est exécutée dans un mouvement spontané qui expulse une rage d’angoisse et de désespoir, le titre du tableau s’imposant à lui avant même l’accomplissement.
L’œuvre de Max Mandelbaum Horn s’inscrit pleinement dans le courant expressionniste. Son style, fait de personnages humains aux visages informes, étouffés par leur environnement, comme condamnés à se vider d’eux-mêmes, exprime une tension, un vertige, une sensation de mal-être.
Les couleurs saturées passant du rouge, jaune, vert, bleu au noir le plus sombre, participent à ce climat tourmenté. Le trait âpre et vif achève de produire l’impression d’abîme et de gouffre que constitue à ses yeux la condition humaine.
A plus de 80 ans, Max Mandelbaum Horn est bien incapable de dire combien de tableaux il a produits au cours de sa carrière, 300 ? 3000 ?, ni même combien il lui en reste dans son atelier parisien. Mais en posant ici une partie de sa collection, il a pris la ferme décision de ne pas laisser le vide tout emporter de lui.